Profonde exaspération : les députés UMP à Fillon

Pas moins de soixante-treize députés UMP ont écrit le 23 mai 2011 au Premier ministre François Fillon pour lui faire part de "la profonde exaspération" exprimée par des "milliers" d'électeurs contre les nouvelles mesures de sécurité routière. Cette lettre a donc été écrite 12 jours après les dernières annonces de Guéant visant à renforcer la répression dans le but d'améliorer la sécurité routière. Il est certain que vouloir réduire le nombre de morts sur les routes est une priorité justifiée, mais les mesurent prises, qui plus est sans discussions ni concertation, sont loin de faire l'unanimité.

La lettre des députés

Voici dans son intégralité la lettre des députés à François Fillon.

Monsieur François FILLON
Premier Ministre
Hôtel de Matignon
57, rue de Varenne
75700 PARIS

Paris, le 20 mai 2011


Monsieur le Premier ministre,

Nous attirons votre attention sur les mesures prises le 11 mai dernier en Comité Interministériel sur la Sécurité Routière.

A l'heure où les yeux du monde sont braqués sur l'ancien directeur général du FMI, les Français semblent de plus en plus agacés du comportement de leurs élites et notamment des politiques.

En l'espace de quelques jours, les milliers de courriels que nous avons reçus pour condamner les décisions du CISR en sont la preuve flagrante. Nous insistons sur le fait qu'il ne s'agit pas d'une simple « mauvaise humeur » passagère mais bien d'une profonde exaspération.

L'augmentation depuis le début de l'année du nombre de décès sur la route est dramatique. Ceci étant, ne cédons pas aux sirènes des ayatollah qui souhaiteraient, à les écouter, d'un monde sans voiture. Ne perdons pas de vue qu'en vingt ans, le nombre de tués a été divisé par plus de 2 alors que la circulation dans notre pays augmentait de près de 80 %.

Députés de la Nation, il est de notre rôle d'être des traits d'union entre la population et le Gouvernement. Nous nous devons d'expliquer à nos concitoyens les réformes mises en oeuvre mais aussi, d'une manière tout aussi forte, relayer leurs attentes.

Si nous partageons votre ambition quant au traitement attentif des problèmes de sécurité routière, nous regrettons l'absence totale de concertation qui a précédé ce comité interministériel. De plus, nous estimons que d'autres mesures sont plus urgentes à prendre afin d'améliorer la sécurité routière, mesures qui ne seraient d'ailleurs pas davantage populaires.

Vous remerciant par avance de la bienveillance avec laquelle vous étudierez ces remarques et restant à votre entière disposition, nous vous prions de croire, Monsieur le Premier ministre, à l'assurance de nos sentiments les meilleurs.

Jean Auclair
Bernard Depierre
Richard Mallié
Michel Raison
Jean-Marc Roubaud
Alfred Trassy-Paillogues
Philippe Vitel

Il est intéressant de noter que les députés auraient aimé voir d'autres mesures appliquées, bien qu'à leurs yeux, elles auraient été aussi impopulaires : "nous estimons que d'autres mesures sont plus urgentes à prendre afin d'améliorer la sécurité routière, mesures qui ne seraient d'ailleurs pas davantage populaires."

Quelle que soit la position de chacun sur l'ensemble de ces mesures, sur la répression et la sécurité routière, n'oublions pas l'essentiel, restons prudents et plein de bon sens sur la route. Il serait top bête d'y perdre la vie.