Loi Benoit : récupérer plus rapidement les points du permis de conduire

La loi Benoit, du nom de Thierry Benoit (Député de la 6ème circonscription d'Ille-et-Vilaine), vise à introduire la possibilité de récupérer plus rapidement les points du permis de conduire, et ce à partir de critères liés à l’expérience. Ces critères restent encore à définir.

Cette loi Benoit permettrait tout simplement de rendre plus rapidement les points perdus du permis de conduire à certaines personnes. Actuellement les points sont rendus au bout de 10 ans, ou tous les points rendus au bout de 3 ans sans aucune infraction, ou au bout de 1 an pour les pertes de 1 points (voir notre article détaille sur les récupérations de points au permis de conduire.

Les personnes en bénéficiant justifierait d'une certaine expérience sur la route.

La loi Benoit

PROPOSITION DE LOI

Article 1er

Après le premier alinéa de l’article 223-6 du Chapitre III du Titre II du livre II du code de la route, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :

« À l’issue de la période probatoire, le délai de récupération des points du permis de conduire perdus en raison d’infractions mineures est réduit de moitié si le titulaire du permis a répondu aux exigences prévoyant une créditation plus rapide. »

Article 2

Un décret en Conseil d’État définit les modalités d’application de la présente loi.

Les motifs de la loi Benoit

Pour beaucoup de nos concitoyens, notamment ceux vivant en dehors des grandes métropoles, la voiture est un outil de travail permettant de pallier les insuffisances des transports en commun. Or, le durcissement de la législation en matière de sécurité routière semble ne pas prendre en compte cette dimension humaine du problème. S’inscrivant légitimement dans une logique de réduction du nombre de tués et de blessés de la route, la réglementation routière pourrait être améliorée en abondant dans le sens d’une prise en compte du caractère utilitaire de la voiture, outil d’insertion sociale.

Les dispositions actuelles produisent parfois des effets pervers, contraires à ceux escomptés. En effet, le nombre de conducteurs « déchus » continuant à circuler sans permis ne cesse d’augmenter (33 030 personnes contrôlées sans permis en 2005 contre 9 756 en 2004, soit une augmentation de plus de 300 % – 88 700 retraits de permis en 2007 contre 68 000 en 2006, d’où une augmentation de près de 30 %). N’ayant pas les moyens de racheter leurs points par le biais des stages de récupération, les plus modestes prennent souvent le risque de rouler sans permis pour continuer notamment à exercer leur profession. La perte d’emploi est trop souvent la conséquence d’une suspension de permis de conduire, plongeant ainsi des familles entières dans des situations de détresse sociale auxquelles il convient de remédier.

De même, le durcissement de la législation est inéquitable parce qu’il touche plus directement ceux qui sont contraints d’utiliser leur véhicule de façon permanente de par leur activité professionnelle. Les personnes faisant de longs trajets quotidiennement sont davantage soumises aux risques de commettre une infraction mineure. Bien que la pénalisation des infractions soit compréhensible, nous considérons que la prise en compte de leur situation doit l’être tout autant.

Considérant les dispositions actuelles nécessaires afin d’inciter les conducteurs à être vigilants, cette proposition de loi n’entend pas assouplir la législation mais la compléter. Le permis à points pourrait être adapté au système des bonus-malus en vigueur au niveau des assurances automobiles. Le bonus-malus consiste à adapter le montant de la prime ou cotisation d’assurance au comportement du conducteur. L’application de cette logique au permis à points suppose la possibilité de récupérer des points plus rapidement tout en maintenant le seuil actuel de douze points.

La présente proposition de loi laisse inchangées les conditions et modalités de retrait de points ainsi que le permis probatoire instauré en 2004. Elle introduit la possibilité de récupérer des points à partir de plusieurs critères qui peuvent se combiner : l’ancienneté du permis (nombre d’années à partir de la date d’obtention), le nombre de kilomètres effectués ainsi que le comportement du conducteur (fréquence d’infractions). La prise en compte de l’ancienneté permet ainsi de valider les acquis de l’expérience. Comme il est légitime d’être plus strict avec les jeunes conducteurs (permis probatoire), les usagers plus expérimentés doivent tout autant mettre à profit leur vécu d’automobiliste. Cependant, le nombre d’années de permis ne permettant pas de prouver la fréquence de circulation d’un automobiliste, la prise en considération du nombre de kilomètres parcourus pendant une période donnée semble être pertinente. Il en va de même du comportement du conducteur sur la route, apprécié à travers la fréquence de ses infractions.

Cette réforme permettra de rééquilibrer des situations inéquitables où des travailleurs se sont vus privés de leur outil de travail. Plus souvent soumis au risque de commettre une infraction, les automobilistes réguliers auront désormais la possibilité de faire valoir leur expérience pour créditer leur permis et éviter ainsi des situations pénalisantes aussi injustes que disproportionnées.

Enfin, il convient de préciser que cette proposition de loi se veut complétive. Elle ne remet pas en cause la politique de sécurité routière initiée en 2002 en vue de limiter le nombre d’accidents, qui doit rester la priorité des services du Ministère de l’Intérieur.

La présente proposition de loi a donc pour objet d’introduire la possibilité de récupérer plus rapidement des points perdus.

La loi benoit sera-t-elle adoptée?

Etant donné les difficultés à définir les critères permettant aux uns de récupérer leurs points plus vite, et aux autres un temps de récupération normal, il est à prévoir de nombreuses contestations en cas d'adoption d'une telle loi, par ceux qui ne seraient pas pris en compte dans les critères.

D'autre part, définir des critères trop larges seraient contraire à l'objectif recherché par le permis à points.

Sans compter un éventuel rejet par le Conseil d'Etat ou les instances européennes, la loi n'étant pas égale pour tous.

Il est d'ailleurs intéressant de noter que les députés présentant ce projet de loi n'ont eux-mêmes pas définis de critères clairs liés à l'expérience permettant de séparer ceux dont les points seraient récupérés plus rapidement, des autres. Enfin, ces critères, en particulier celui basé sur le nombre de kilomètres effectués, seront très difficile à établir.

Enfin, dernier point, un assouplissement récent a été mis en place, celui de la récupération au bout d'un an des points perdus lorsque ceux-ci ont été perdus individuellement (c'est à dire, si l'on ne perd qu'un seul point, pour un petit excès de vitesse par exemple, ce point sera restitué au permis de conduire au bout de un an.

Tous ces éléments laissent à penser que la Loi Benoit ne sera pas votée. Qu'en pensez-vous? N'hésitez pas à partager votre avis grâce aux commentaires ci-dessous.

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